Je ne sais pas si c'est réellement décent. Décent de raconter la naissance d'une chanson quand elle touche à l'intime. J'hésite depuis plusieurs jours, comme si l'enjeu était énorme. Soyons honnêtes, il ne l'est pas. J'ai écrit 'Way Home' dans la chambre où dormait ma grand-mère il y a longtemps déjà et où dort aujourd'hui ma fille à l'aube de sa nouvelle vie. C'était en janvier dernier ou peut-être février, ces temps sont devenus flous. Mon père était très malade, proche du grand départ. Entre deux visites à l'hôpital, j'ai trouvé refuge dans cette chambre encore empreinte de l'âme de ma grand-mère. Au coin de la pièce traînait une guitare d'une marque incertaine, aux cordes usées jusqu'au dernier sillon. C'était celle de mon frère. À l'abri du chaos psychologique, pour quelques minutes seulement, j'égrainais deux accords ouverts, over and over again. Une mélodie s'y est accrochée, puis des mots, des mots de chemin à trouver, vers un chez soi, un chemin intérieur ou une route nouvelle, bien réelle, who knows? Juste le temps de graver ce moment dans mon téléphone, le devoir m'appelait à nouveau au salon, au front de la bataille. 'Way Home' raconte peut-être l'histoire d'une famille distendue autant qu'unie. Mon père est toujours là. La bataille a été gagnée. Et moi, petit soldat, je chante qu'il est temps de (re ?)trouver le chemin de la maison.
À mon papa.
P.S : la photo de couverture du single a été prise par mon fils. Assurément une histoire de famille.