La Tartine

Je tournais depuis une heure dans le Marais, à la recherche du lieu tranquille, du café idéal, authentique et un brin vide. Je cherchais la carte postale. Le froid a eu raison de mes ambitions. Me voici à "La Tartine". Au cas où on n'aurait pas encore compris, Balavoine s'écrie dans les speakers qu'il s'appelle Henri. Le chocolat chaud y est maison, comme mon spleen. À deux tables de moi, un couple en début de fin de vie a commandé la gaufre extra chantilly. Une trentenaire arrange sa frange, des années qu'elle lutte pour la faire tenir, dois-je lui annoncer brutalement qu'elle se trompe de combat ? La serveuse, l'oreille droite collée à son téléphone, se pince les lèvres. Il ne répond pas. Il ne reviendra pas. Renan Luce nous lit sa fichue lettre. Les cuillères tournent machinalement dans les tasses. La mienne est rouge torero. Le boss l'annonce d'une voix de ténor, demain ce sera chou farci. Comme moi. Gros bisous de la Tartine.

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